Petites notes éparses pour fureteurs mutants libérés

Technique de visualisation,

Extrait du livre de C.G. Jung, « Le Livre Rouge » publié pour la première fois en 2009 par Sonu Shamdasani.

Nous lisons dans l’introduction à la page 47 :
« Nous l’avons dit, Jung a eu amplement l’occasion d’étudier des expériences au cours desquelles on encourage des médiums en état de transe à faire part de leurs rêves éveillés et de leurs hallucinations visuelles ; il a aussi expérimenté l’écriture automatique. Les pratiques de visualisation étaient également courantes dans certaines traditions religieuses. Ainsi par exemple, dans le cinquième exercice spirituel d’Ignace de Loyola, les pratiquants sont invités à « voir avec les yeux de l’imagination la longueur, la largeur et la profondeur de l’enfer », et cette vision doit être directement sensorielle »

Voir le paragraphe 65 des « Exercices spirituels, Texte définitif (1548) De Saint Ignace de Loyola. Edition du Seuil, par Jean-Claude Guy.
ISBN 2.02.006218.6
« 65 Le cinquième exercice est une contemplation de l’enfer. »

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Les Francs-maçons, eux, préfèrent aller dans un domaine visuel interne plus agréable et plein de promesses !

Le Rite Moderne transmet la vision suivante lors du passage de l’apprenti au degré de compagnon.
Q- Où avez-vous reçu Compagnon ?
R- Dans une loge juste et parfaite
Q- Quelle forme avait-elle ?
R- Un carré long.
Q- De quelle longueur était-elle ?
R- De l’orient à l’Occident.
Q- de quelle largueur ?
R- du midi au septentrion.
Q- Quelle était sa hauteur et sa profondeur ?
R- De la surface de la terre aux cieux et au centre de la terre.
Par le jeu du dialogue entre le récipiendaire et le Maître, l’espace de la loge va être construit comme un vision extérieure dans le mental « qui-dit-moi-je » du récipiendaire. Dans le meilleur des cas, ce dernier pourra un jour faire l’expérience d’être entré dans un état de concentration profonde appelé « Samadhi » en sanscrit et avoir sa conscience au centre de la dite loge, ici et maintenant, la vision de l’étoile flamboyante dans un dais d’azur parsemé d’étoiles pourra survenir.

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La supériorité de l’image réside dans le fait que chaque observateur peut l’interpréter librement avec sa grille de lecture plus ou moins affinée à un moment donné de sa vie.
Les historiens d’art sont liés par leur éthique professionnelle interdisant toute interprétation non soutenue par un texte d’origine et explicatif.

Dans le cas présent, il me plait de voir une illustration du pouvoir charismatique du Maître avec ses outils capable d’émuler le récipiendaire.
L’utopie de la Franc-Maçonnerie ?

Pour les Francs-Maçons, l’étoile flamboyante est communément associée, entre autre, aux cinq sens représentés par les cinq organes de perception, l’œil, l’oreille, le nez, la bouche et la peau.
En Asie, les cinq sens sont les portes d’entrée pour la connaissance de l’homme, il y a aussi un sixième sens, certes instantané, qui peut être représenté par le centre de l’étoile qui reçoit les cinq rayons des pointes de l’étoile ou sens.
Ce sens en Asie est nommé la « conscience ».
La compréhension approfondie de ce sujet par l’étude est la base de la progression en Asie, voir sur le WEB «  les cinq Skandha).
http://pema.free.fr/gjn06.php3

Nous reviendrons sur ce sujet par la suite .

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Il me plait également de voir dans cette image une illustration du fameux « Mind to Mind » du Zen, soit la transmission intuitive de maître à élève .
Guénon parle d’influence spirituelle.

Dans notre XXIe siècle, nous parvenons à commander une machine à distance sans contact en captant les champs magnétiques générés par le cerveau.
Des surprises nous attendent à court terme.

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Le paragraphe 65 des « Exercices Spirituels d’Ignace » est suivi par cinq autres paragraphes, un pour chaque sens, Il est indiqué qu’il faut par l’imagination (66) regarder les feux de l’enfer …(67) écouter les cris et vociférations …(68) sentir la fumée , le souffre… (69) goûter l’aigreur…
et finalement (70) toucher ..ces flammes …
Pour le texte complet, consulter l’ouvrage cité ci-dessus.

Sans commentaire, nous laissons le lecteur utiliser sa pugnacité naturelle pour se faire une opinion.

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Mu-Mon-Kan, ( idéogramme : Pas-porte-fermé) traduit par : La Porte sans Porte, Passe-Muraille, La Barrière sans Porte…etc
Est le recueil des petites histoires de la tradition Zen Bouddhiste associée à l’école Rin-zai en particulier.
Que se passe-t-il ?
Ces histoires sont des paradoxes insolubles par le mental ordinaire, celui qui-dit-moi-je !
Et pourtant, face au maître Zen, le candidat doit proposer des réponses. Un jour une expérience surviendra dans sa tête et le maître acceptera sa réponse car il aura passé la porte qui n’existe plus…après.
Une analogie peut être faite avec le compagnon découvrant la vraie lumière dans sa loge !

Le candidat est face aux quatre propositions logiques du fameux Nagarjuna ( détails sur Wikipédia) soit :
—être—ne pas être—être et ne pas être—et la dernière : non ( être et ne pas être)
Un éclair de lumière permettra au candidat d’aller au-delà de ce paradoxe et de montrer au maître qu’il a passé une première porte.

Pour illustrer, cette expérience, il me plait d’évoquer ce petit conte d’Alphonse Allais
« La Nuit Blanche d’un Hussard Rouge »
Je vais le résumer simplement.
«  le fameux hussard rouge se retrouve volontairement retranché dans un WC installé sur le palier du 2e étage d’un immeuble. Il entend passé devant la porte du WC, le mari de la dame qu’il convoitait . Ce dernier entre chez lui puis c’est le grand silence.

Notre audacieux hussard rouge attend un peu pour s’échapper, il essaye d’ouvrir la porte du WC en la poussant, impossible de l’ouvrir, elle résiste… il s’obstine encore plusieurs fois ..rien à faire…la porte est bloquée. Finalement fatigué, il s’endort …. Soudain, il se réveille il saisit la poignée de la porte et la tire vers lui …et la porte s’ouvre !

Avant la porte est fermée et soudainement on la passe comme si elle n’existait pas !
A la différence des adeptes de la Franc-Maçonnerie, pour espérer faire cette expérience, les moines Zen s’enferment pour suivre des « séminaires » de méditation de plusieurs semaines dans des monastères dédiés, ponctués par le passage devant le Maître et recevoir un coup de bâton en guise d’encouragement.

A lire : Traduit du japonais, De Sato Giei, « Journal d’un Apprenti Moine Zen » Ce livre est composé d’une centaine de petites histoires illustrées avec humour expliquant la vie dans un monastère Zen des années 1939, Chaque histoire est en relation avec une expérience de vie. De nos jours, le programme est identique avec des moyens actualisés.
ISBN 978-2-8097-0143-2.

Un Lama-Rimpoché m’expliquait qu’il n’existait aucune méthode, chemin, voie ou autres garantissant un résultat disons « métaphysique ».

En trois cérémonies, initiation, passage et élévation, la FM propulse l’adepte dans les arcanes de la métaphysique. Néanmoins, la graine pour devenir fleur puis fruit est invitée à s’épanouir encadrée par des tuteurs variés appelés « Hauts Grades » ou autres voies.
Degré par degré, le mûrissement peut prendre des années dans le labyrinthe des différentes filières semblable à un plan du métro avec toutes ses stations.(degré ou grade).

Par filière maçonnnique, il faut comprendre :
Rite Ecossais Ancien et Accepté, Rite Emulation, Rite Rectifié, Rite Moderne ou Français
Rite de York, Rite Suédois…etc .

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Au cours d’une de mes visites au temple DAÏ-GO-JI ( école de bouddhisme dit ésotérique, Shin-gon –lecture : chine-gonne) situé au sud-ouest de Kyoto, Le moine-guide m’a expliqué, si j’ose dire, le « menu » qui attend les jeunes candidats à la vie de moine.
Il y a une théorie qui circule et qui dit que, en cent jours de pratique intense, on peut parvenir à une expérience intuitive décisive.
Voici le détail du « menu » des 100 jours, débutant fin août pour finir avec l’année .
Le candidat ira 3x par jour mettre ses épaules sous la cascade d’une petite rivière située dans le jardin du temple. La hauteur de chute de l’eau est d’un petit mètre. La durée d’exposition, correspond au temps qu’il faut pour réciter la version courte du Prajna Paramitra Sutra une dizaine de fois( équivalent en durée à un Ave Maria).
Il y a une petite cabane de coté pour attendre son tour et se réchauffer après la séance.

Cette pratique fait partie de tout un arsenal de techniques variées propres à l’école Shin-gon pour parvenir dans cette présente vie à la libération lumineuse.

Le livre « Shingon » est une translitération en anglais de deux livres en japonais du Maître Taiko Yamasaki, chez « Shambala » 1988. ISBN 0-87773-443-7.

Ce livre nous révèle des aspects du Shin-gon très difficiles à trouver dans nos ouvrages en langues européennes. Ci-dessous, nous allons évoquer la technique de base de visualisation AJIKAN ou la visualisation du « A » en sanscrit.( le latin de l’Asie !)
Le candidat et les moines pratiquent cet exercice assis face à un tableau d’environ 40 cm de diamètre, montrant une syllabe « A » sanscrite inscrite dans une « lune ». Il sert de support pour entrer en méditation profonde « Samadhi ».
Extrait :
« Dans mon esprit est un disque de lune parfaitement brillant. Dans ce disque est un lotus. Au-dessus du lotus est la syllabe-A …..Visualiser la lettre-A, le lotus et le disque de la lune en train de grandir graduellement par degré .. jusqu’à remplir tout l’espace, puis soudainement oublier tout ..esprit, lune…etc …et tout simplement demeurer dans la non-discrimination. Ensuite laisser se contracter la « bulle » jusqu’à la taille du tableau de la lettre-A situé devant soi »

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A leur manière, les Lamas Tibétains enseignent les mêmes techniques en Europe depuis bien des années !!

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